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Les nouveaux chiens de garde de Serge Halimi
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La transparence version outre-Rhin doit-elle être un exemple ?

Alors que l’ « orthodoxie germanique » est devenu un modèle à suivre, il n’est pas inutile de comprendre notre voisin pour mieux appréhender les enjeux du couple franco-allemand. Ils sont considérés comme nos partenaires privilégiés pour faire avancer l’Union Européenne, l’Union politique. Mais depuis maintenant quelques mois, le Président de la République Fédérale allemande, Christian Wulff (CDU), rencontre quelques soucis d’ordre moral et financier.
Les affaires en quelques mots : il aurait obtenu un crédit privé grâce à la femme d’un ami industriel, il aurait passé des vacances gratuitement chez des amis industriels. Le problème, c’est qu’il a (initialement) nié les affaires. « Il n’a pas menti mais il n’a pas dit la vérité« .
Or, dans un pays où la transparence constitue une valeur cardinale de l’action politique, cette affaire fait scandale. Toutefois, le Président Wulff ne souhaite pas se retirer. Il faut rappeler que Christian Wulff est arrivé au pouvoir après la démission de Horst Köhler (CDU), suite à un autre scandale. Ces complications au Château Bellevue (résidence de la Présidence) n’arrangent effectivement pas les affaires d’Angela Merkel qui voit sa coalition FDP (Libéraux) / CDU se fissurer malgré elle. Avoir comme allié le Président de la République fédérale est un avantage pour la chancelière qui briguera probablement un troisième mandat en 2013. Il faut aussi rappeler que le Président n’a aucun pouvoir, il est plus une sorte d’instance morale. Les partis d’opposition lui reproche donc d’endommager la Présidence et l’image de la politique en général.
Mais que fait cette histoire dans nos pages de communication politique ?
C’est que le scandale ne s’arrête pas là ! Le Président Wulff a laissé un message particulièrement virulent sur le répondeur du rédacteur en chef du journal Bild. Or, la relation entre journaliste et politique n’est pas la même en France et en Allemagne. Ce qui paraît « naturel » en France (lire ou voir Les nouveaux chiens de garde de Serge Halimi et notre billet sur la question) semble tout à fait impensable en Allemagne. Le politique ne peut pas aussi directement reproche à un journaliste un traitement de l’information qui lui est défavorable.
Aussi, il est toujours intéressant de comparer nos conceptions de la politique. Nos visions de la liberté de la presse et de la transparence sont bien différentes de celles de nos voisins allemands. Une Ministre de la santé en Allemagne a même démissionné pour avoir utilisé sa voiture de fonction pour partir en vacances…
Nos conceptions de l’éthique en politique ne sont pas les mêmes, elles supposent donc une relation médiatico-politique différente et donc un rapport à la communication politique tout à fait différent. Alors, si les relations entre la Chancelière Merkel et le Président Sarkozy semblent être parfois si compliquées, c’est que les Allemands ne conçoivent pas la relation entre le politique et le journaliste de la même manière. Ils sont dans une certaine retenue et le moindre faux pas peut se payer très cher… Un exemple à suivre ?

Maxime Boitieux